Installation composée de six portraits de Shihuahuacos, capturés en contre-plongée dans la densité silencieuse de l’Amazonie péruvienne. Ces arbres millénaires, pouvant atteindre 70 mètres de haut et 1 500 ans d’âge, y apparaissent comme des piliers de l’écosystème, à la fois témoins du passé et acteurs invisibles du présent. À travers une projection sur des triptyque en papier, des vidéos en longue durée restituent leur environnement sonore et spatial, révélant la présence vibrante mais menacée de ces géants forestiers. Reliés par une intelligence artificielle, leurs racines deviennent cartographie vivante de l’interconnexion profonde entre espèces végétales, animales et fongiques.

Dans les cosmologies autochtones du Pérou, de l’Équateur et du Brésil, cette interdépendance prend une forme mythique : Yacumama, entité serpentiforme gigantesque, mère des eaux et gardienne des lagunes, veille sur les flux du vivant. Le Shihuahuaco, à l’inverse, incarne la stabilité lente de la terre. Ensemble, ils forment les deux pôles d’un équilibre fondamental : l’une régule les circulations, l’autre conserve les mémoires. La disparition de l’un — par pollution ou déforestation — fragilise l’existence de l’autre.

L’œuvre révèle cette cosmogonie implicite : celle d’un monde où l’eau et la forêt dialoguent, et où toute disparition résonne à travers l’ensemble du vivant.

Cette immersion visuelle et sonore révèle la présence silencieuse mais essentielle de ces géants, aujourd’hui menacés par la déforestation massive causée par l’industrie minière et agroalimentaire. Témoins d’un monde en perpétuelle interconnexion, ces arbres pluricentenaires risquent pourtant de disparaître, emportant avec eux un écosystème fragile et irremplaçable.

Réalisé avec le soutien de l’artiste Daniela Lorini.